• La mobilité : Le télétravail est-il vraiment l’avenir ?

    27-08-2020

    En mars dernier, alors que la COVID-19 surgissait en Europe et se propageait en Amérique du Nord, le pourcentage de télétravailleurs canadiens est passé presque du jour au lendemain de moins de 15 % à environ 40 %, selon Diane-Gabrielle Tremblay, chercheuse à l’Université TELUQ*.

    Pour de nombreux employés, le télétravail était une toute nouvelle expérience qu’il fallait équilibrer avec d’autres changements simultanés, c’est-à-dire les enfants hors de l’école, les garderies fermées, le conjoint travaillant également à domicile, les personnes âgées nécessitant une attention particulière, etc.

    Pour les employeurs, le télétravail était une approche qu’ils étaient auparavant plus ou moins enclins à envisager. Ils ont dû s’adapter rapidement et ajuster leurs attentes pour refléter les circonstances extraordinaires, et pour la plupart, on entend que les employés se sont montrés à la hauteur et ont fait de leur mieux pour respecter leurs obligations. La technologie a certainement été un élément essentiel de ce succès. Certains employeurs ont fourni des meubles ou des allocations pour aider leur personnel à aménager des espaces de travail, mais la plupart des employés se sont contentés de ce qu’ils avaient : table de cuisine, canapé, table d’appoint, etc.

    Un grand nombre d’entreprises ont déclaré que ces arrangements se poursuivraient jusqu’en 2021, et certains ont indiqué qu’ils deviendraient permanents pour une partie de leur personnel. Qu’est-ce que cela signifie pour les employés ? Une étude menée par Tania Saba, professeure à l’Université de Montréal, a révélé que 39 % des télétravailleurs accepteraient de continuer de travailler à domicile, 37 % exprimaient peu ou pas d’intérêt à continuer et 24 % étaient indécis.

    Les employés plus âgés ayant moins de responsabilités familiales ont tendance à apprécier le télétravail. Pour ceux qui ne sont pas aussi intéressés, les inconvénients incluent : se sentir isolés et confinés, déconnectés de leur équipe et du centre de décision et incapables de se dissocier du boulot à la fin de la journée. De plus, ils préfèrent s’installer dans un environnement de travail organisé et efficace où il y a de l’interaction sociale.

    Si l’avenir repose davantage sur le télétravail, le monde des affaires devra accélérer sa lente transition du modèle traditionnel d’heures fixes et de présence stricte vers un modèle beaucoup plus flexible. Même avec un style de gestion modernisé, il est probable que les employés préféreront un choix en la matière. Un horaire combiné de télétravail avec du temps sur place pourrait devenir le modèle privilégié. Au fur et à mesure que les entreprises explorent l’avenir de leurs espaces de bureau, elles pourraient décider de situer des bureaux plus près des zones résidentielles ou dans des endroits plus faciles d’accès. Ces bureaux offriraient, pour aider à soulager les inconvénients du télétravail, des salles de réunion, des espaces de travail partagés, des occasions de réseautage et de socialisation, des ateliers et des séminaires, un centre sportif, etc.

    De la perspective de la gestion des talents et de la mobilité, il faudra s’adapter à la nouvelle réalité. Des allocations pour le mobilier de bureau à domicile, une connexion Internet améliorée ou peut-être même de petits projets de rénovation d’espaces de travail, ainsi que d’autres avantages atténueraient certains des inconvénients du travail à domicile. Déjà, de nombreuses entreprises permettent aux employés de commencer de nouvelles affectations depuis leur domicile. Pourraient-ils conclure que l’ensemble du projet peut être géré de cette manière, ou avec quelques voyages d’affaires plutôt qu’un déménagement ? D’autres pourraient opter pour une réinstallation qui comprend un volet important de télétravail à la destination. Tout cela dépendra en grande partie de ce dont les employés et les familles ont besoin pour se sentir à l’aise et productifs, mais devra également être équilibré avec les objectifs de l’organisation soutenus par des analyses financières et des considérations culturelles.

    La pandémie est en grande partie responsable de la dépendance actuelle sur le télétravail. Cependant, cette situation durera un certain temps encore, et nous savons tous que si l’on persiste assez longtemps, tout devient une habitude.

     

    *L’Université TÉLUQ anciennement Télé-université, est une université d’enseignement à distance affiliée à l’Université du Québec.